Les édulcorants artificiels suspectés de favoriser l’obésité et le diabète

Une revue scientifique de 2018, portant sur plus de 40 études et méta-analyses, examine les liens
possibles entre la consommation d’édulcorants artificiels et des dysfonctionnements métaboliques
tels que l’intolérance au glucose, la prise de poids et le diabète de type 2.
L’usage de substituts non caloriques tels que l’aspartame, le sucralose, l’acésulfame K, le cyclamate
ou la saccharine s’est largement développé au cours des dernières décennies et devrait continuer
d’augmenter. En effet, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande que les sucres
ajoutés représentent moins de 10%, et de préférence moins de 5%, de l’apport énergétique total. En
raison de cette réglementation, et de nouvelles taxes prévues sur les boissons sucrées dans de
nombreux pays, il est probable que l’usage d’édulcorants artificiels se répande dans de nombreux
produits alimentaires et boissons.
Or, ces édulcorants de synthèse sont loin d’être aussi inertes qu’on le pensait au départ. Ils sont
même de plus en plus suspectés de contribuer aux maux qu’ils sont censés combattre.
En dehors du fait qu’ils favorisent un effet psychologique de compensation (« C’est light donc je peux
en consommer plus ! ») et qu’ils perturbent vraisemblablement les signaux de satiété, des études
récentes montrent qu’ils altèrent la composition du microbiote intestinal. Leur consommation inhibe
le développement de certaines populations de bactéries bénéfiques au métabolisme (notamment les
lactobacilles, les bifidobactéries et les bactéroïdètes, permettant à d’autres populations bactériennes
défavorables (notamment les firmicutes) de se développer excessivement. Ce déséquilibre favorise
divers dysfonctionnements métaboliques tels que la dysbiose, l’inflammation intestinale, la
résistance à l’insuline, l’augmentation de l’appétit, l’obésité et le diabète de type 2.
Même si des études supplémentaires sont nécessaires pour élucider l’ensemble des liens sous-
jacents, ainsi que l’effet spécifique de chaque édulcorant pris séparément, les preuves existantes
suffisent pour affirmer que le remplacement sucre par des édulcorants artificiels n’est pas une bonne
stratégie pour lutter contre l’épidémie actuelle d’obésité et de diabète, la meilleure solution restant
de réduire son apport global de sucre.
Hélène Wacquier
Référence:
Hypotheses and Evidence Related to Intense Sweeteners and Effects on Appetite and Body Weight Changes: A
Scoping Review of Reviews
Mosdøl A, Vist GE, Svendsen C, Dirven H, Lillegaard ITL, Mathisen GH, Husøy

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